En contrepied de l’abstraction architecturale de la majorité́ des cinémas actuels, le Cinos veut établir des connivences avec la démarche des spectateurs. En écho au contexte urbain qui le place en élément structurant de la place du 18 juin, le cinéma dédie à ses quatre façades des statuts différents qui renvoient à la rue, au parking, au square et enfin à l’esplanade. A l’instar d’une église gothique, tourner autour du cinéma renseigne sur son organisation interne; l’unité́ du bâtiment est évidente mais on peut deviner des entités fonctionnelles. Deux traitements de façade aident la démarche. Le premier est un filtre métallique dont les perforations carrées en défilement vertical sont un clin d’œil à l’évolution de la technique cinématographique; les cases de la pellicule gélatineuse traditionnelle réinterprétées sous la forme du graphisme d’encodage numérique popularisé par « Matrix » sont une manière d’évoquer le fantasme que dans chaque perforation il y a une image qui est un monde imaginaire.
Au sein de ce parement métallique les fenêtres hautes aux embrasements en troncs pyramidaux éclaboussés de jaune évoquent des écrans et leurs cônes de lumière. Le deuxième traitement de façade semble moins fantasmatique, c’est un parement alternatif de lames de bois grisé et d’alucobond qui épouse la forme des salles de cinéma. Par la combinaison de ses biais amenant aux portes du hall, la façade d’entrée sur l’esplanade reprend en la condensant l’image de l’écran dans lequel, cette fois on peut pénétrer.
A l’intérieur, le volume unitaire du hall et de l’espace d’attente et de convivialité́ révèle une surprise. Rangées côte à côte dans un décaissé́ comme des navires à quai, les salles de projection montrent le soulèvement de leur poupe sculptée par leur organisation intérieure en gradins. Le parement de façade en lames alternatives qui se prolonge à l’intérieur prend dès lors une nouvelle connotation. L’effet visuel est à la fois inattendu et poétique : la carène des salles est lumineuse et colorée. Passant du vert avant la séance au rouge pendant la projection, elle informe les spectateurs autant qu’elle cristallise le moment du film comme si elle traduisait un état émotionnel. Emprunter la passerelle pour rejoindre la salle devient un acte teinté d’une certaine solennité́ et métaphorique du 7ème art : un embarquement pour le voyage cinématographique.
Opposite to the architectural abstraction of most of the existing cinemas, Le Cinos tries to draw up complicity with the audience. The cinema answers the urban context that sets it up as a pivotal element of the 18 Juin Square. The building offers its four facades different status that refers to the street, the parking spaces, the square and the esplanade. Just like a gothic church, walking around the cinema tells a lot about what’s inside; the unity of the building is obvious, but a few functional entities could be perceived. Two facades treatments are of great help in this approach. The first one is a metallic filter, of which the square, vertical perforations, are a nod to the evolution of cinema technology; The compartments of the traditional cinema films, revisited like the digital encoding style, well-known thanks to The Matrix, are a way to evoke the fantasy that, inside each of these perforations, there is an imaginary world.
The high windows, with pyramidal trunk embrasures and splashed with yellow, evoke screens and their cones of light within this metallic decor. The second facade treatment seems to be less fantasmatic: The decor alternates greyish wood and alucobond boards, following the shape of the buildings. Thanks to the combination of its different ways to the lobby, the entrance facade on the esplanade revisits and condenses the idea of a screen in which you can walk through.
Inside, the unit volume of the hall and of the waiting and sharing area reveals a surprise. The screening rooms are lined up like boats on a shore and raise their tier-sculpted sterns. The facade decor with alternative boards extends inside the building and takes henceforth a new meaning. The visual effect is as unexpected as poetic: the rooms’ hulls are full of light and colour. The colours, green before the movie, red during the projection, inform the audience and crystallize the moment to watch the movie just like an emotional state. Going through the gangway becomes quite grandiose and metaphorical for the cinematic art, the seventh art: Welcome on board for a cinematic travel.
TRACE Architectes (mandataire)
ROUSSEN SAVARINO Architectes
PROJEX Ingénierie
AAB Ingénierie acoustique
DIAGOBAT Ingénierie HQE
SEULSOLEIL Concepteur lumière
GHESQUIERE DIERICKX Economie